Chironidæ Pteralycon


Réalisation de deux pièces pour l’exposition Phænomenon à la galerie 0,15//Essais dynamiques à Metz : Chironidae pteralycon et Journal de bord qui sont liées. Ces deux pièces évoquent la découverte d’une espèce chimérique aux abords du lac Natron en Tanzanie. D’un côté la créature fossilisée, de l’autre le récit de la rencontre entre le spécimen et le scientifique et comment ce dernier se perd dans sa quête.


L'exposition Phænomenon


Exposition collective organisée par les étudiants du Master scénographie où les artistes étaient invités à travailler sur le thème du Phénomène. Cette exposition a eu lieu en janvier 2019 à la galerie 0,15 // Essais dynamiques à Metz.

« Phænomenon c’est le fait observable, remarquable ou extraordinaire. φαινόμενov c’est l’apparence. φαίνω c’est faire apparaître, mettre au jour. Les objets présentés [dans l’exposition] vont au-delà des apparences et révèlent parfois l’envers des choses. Ces phénomènes peuvent être naturels, artificiels, voire les deux, qui sait ? Difficile de trouver ou reconnaitre aujourd’hui quelque chose qui n’a pas été transformé par l’homme. »

À cette occasion, j’ai co-créé avec Marine Vantorre une oeuvre en 2 parties : Chironidæ Pteralycon et Journal de bord. 




Extrait de la feuille de salle :


Chironidæ Pteralycon

Chimère oiseau-chauve-souris fossilisée dans le sel retrouvée aux abords du lac Natron en Tanzanie.

Sculpture en pâte à modeler auto-durcissante, plumes, tissu, cire, grillage à poules, fil de fer, papier, cendres, sel, plâtre.

Journal de bord

Carnet d’un scientifique parti en étude en Tanzanie. Les archives ne sont pas claires mais il semble avoir travaillé sur une espèce qui reste encore aujourd’hui méconnue. Les visiteurs sont invités à feuilleter les pages pour découvrir son parcours. Mais celui-ci n’a pas réellement de fin. Le professeur semble avoir disparu sans laisser de traces.

Papier, encre, crayon, scotch.


Objectif


C'est un travail de fiction qui s’applique à paraître vrai. Les données réelles ses mélangent à la fiction. On cherche à instiller les doute chez les visiteur•euses : est-ce vrai ? Est-ce faux ? Dans quelles proportions ? On cherche à captiver l’attention en faisant durer ce moment de flottement, d’interrogation. Et peut-être même générer des conversations entre les personnes pour essayer de démêler le vrai du faux.

J'aime aussi voir le déclic ses faire dans les yeux des personnes lorsqu'elles connectent les deux pièces qui ne sont pas présentées côte à côte.

La réalisation de la chimère est directement inspirée des cadavres d’oiseaux que l’on peut retrouver aux abords du lac Natron et qu’a photographié Nick Brandt (regroupées dans Accross the ravaged land). Ce lac situé au nord de la Tanzanie, a la particularité d’être ultra-saturé en sels minéraux. Si bien que seules quelques espèces animales adaptées peuvent y survivre. En parallèle du travail de sculpture, nous avons rédigé l’histoire d’une expédition scientifique qui se rend au lac Natron pour l’étudier. Nous nous sommes basées sur les faits connus (comme le lieu d’établissement et les dates de l’expédition scientifique européenne, les migrations des flamands roses...), les légendes locales que nous avons pu trouver, le travail photographique de Nick Brandt et les données scientifiques accessibles issues des rares études dont a fait l’objet le lac (les variations de Ph, les espèces adaptées au lac, les théories autour de l’origine du phénomène, la relation entre le volcan et le lac...). Le Carnet de bord est donc parfaitement fictif mais aussi parfaitement à la pointe des connaissances sur les spécificités de cette région.

Juste avant le début de cette exposition, nous avions découvert les phénomènes incroyables liés au lac Natron. C’est donc naturellement que nous avons poursuivi notre travail dans cette direction. Aujourd’hui, j’ai envie de revenir à des choses plus locales et de donner une plus grande place aux locaux, de leur donner aussi la parole. Afin de retrouver du sens et du temps, sortir des images pour s’inscrire dans une communauté. Également dans un souci écologique, dans l’idée ne pas devoir aller loin pour répondre à ses besoins.